7 Salopards, Les
Les 7 salopards (La Belva
dalle calda pelle / Emanuelle, queen of the desert),
Bruno Fontana (1982)
Avec
son titre français bien marrant (12 salopards + 7 mercenaires,
ça fait quoi ? 7 salopards bien sûr !), la présence
de Laura Gemser (star de la série des Black Emanuelle,
à laquelle ce film est rattaché sans raison valable -
enfin si, l'argent), et son réalisateur inconnu au bataillon
(il s'agit de son seul film), Les 7 salopards fait un peu peur
au premier abord, et on craint de vite roupiller devant les lascifs
exploits de Gemser, perdue au milieu d'un bataillon de troufions en
rut... Pourtant, Bruno Fontana, qui adapte en fait ici son propre
roman, livre un film qui, s'il n'est sans doute pas un chef d'oeuvre,
offre néanmoins de nombreux motifs d'intérêt, et
surtout, détrompe les appréhensions placées en
lui.
Le début nous montre un commando de mercenaires
exécuter avec brio une mission périlleuse : assassiner
une cible huppée et protégée par de nombreux
gardes. Une fois cette introduction passée, nos joyeux drilles
vont tranquillement attendre le bateau qui doit les ramener à
leur base. Sauf que celui-ci se met à les canarder sans raison
apparente et en occit du coup quelques-uns. Les voilà donc
contraints de fuir par les terres pour tenter de rejoindre leur point
de chute. Mais sur la route désertique, les gaillards,
assoiffés, fatigués, s'entretuent, pillent les maisons,
violent leurs habitantes... Les loups sont lâchés.
Bruno
Fontana nous narre donc ce périple qui s'apparente à
une descente aux enfers, pour le groupe, qui se réduit de plus
en plus, malgré l'apport numérique d'un paysan qu'ils
forcent à les aider (Gabriele Tinti). Si certains détails
prêtent à sourire, tels que ces soldats remuant
frénétiquement leurs mitraillettes pour en simuler la
puissance lors des assauts, où le jeu approximatif de
certains, le film prend peu à peu une teinte plutôt
sombre, lorsque les derniers survivants se livrent à un combat
psychologique fort bien développé par le scénario.
Les acteurs, pour la plupart de vieux routards du bis (Tinti, donc,
mais aussi Vassili Karis et Angelo Infanti) rendent bien la folie qui
s'empare du groupe, et malgré quelques problèmes
surtout liés au budget que l'on devine assez étriqué
(la redondance des décors notamment), le film se suit sans
problème de rythme, la tension étant toujours bien
soutenue.
Et Laura Gemser me direz-vous ? Elle intervient vers
le milieu du film, et sème une discorde d'ordre plutôt
sexuel, ces messieurs étant du genre bestiaux et sévèrement
en manque, malgré le viol immonde perpétré sur
une jeune fille... Ses intentions troubles sont finalement assez
prévisibles (je suis sûr que vous avez déjà
deviné...), mais les méthodes employées pour
détruire un à un les mercenaires sont assez bien
exploitées pour maintenir l'intérêt. On notera
également que, conformément à son statut de
reine du film érotique à l'italienne, Laura Gemser ne
rechigne pas à se dévêtir assez
fréquemment...
Les
7 salopards est donc un film assez prenant, qui parvient à
faire oublier son manque de moyens pour entretenir une tension
palpable entre les divers personnages, et ce tout au long du film. Un
joli coup d'essai donc pour Fontana, qui s'offre en outre un final
très influencé par le western spaghetti... A noter que
le film existe sous deux montages différents, l'un mettant
davantage l'accent sur Laura Gemser, et l'autre reflétant les
intentions de Fontana (c'est bien entendu celui-ci que je viens de
chroniquer).