Amours d'Hercule, Les
Les Amours d'Hercule (Gli Amori di Ercole / Hercule vs. The Hydra), Carlo Ludovico Bragaglia (1960)
Hercule, le héros de tout le monde (sauf des méchants) est en colère. On a assassiné sa dulcinée alors qu'il accomplissait quelques menus exploits pour apaiser la colère des dieux. En plus de cela, les soldats d'Enée*, le roi d'Ecanie ont mis à sac son village et massacré les habitants. N'y tenant plus, le brave Hercule se décide à aller demander des comptes à Enée, un de ses ennemis de toujours. Mais, surprise, celui-ci s'est également fait assassiner... Autre surprise, c'est donc la vertueuse fille d'Enée, Dejanire, qui gouverne à présent. Bien évidemment, Hercule a un petit faible pour celle-ci, mais elle est promise à un autre homme. Après quelques aventures, dépité, Hercule s'en va de ce pays de malheur. Mais le fiancé de Dejanire s'est fait assassiner, et tout porte à croire que c'est Hercule, l'amoureux transit, qui a porté le coup fatal.
Intrigues, romance, aventures, combats, exploits, bestiaire fantastique, rien ne manque à ce peplum fantaisiste interprété par Mickey Hargitay (Mr. Univers 1955) et la sculpturale et célèbre Jayne Mansfield, qui monopolisera l'attention de tous les esthètes. A noter que les deux acteurs étaient à l'époque mari et femme... Moult rebondissements émaillent une intrigue plus plaisante que profondément intelligente, mais rien ne sert de cracher dans la soupe : Les Amours d'Hercule est très bien mené, et atteint sans problème son but premier : distraire.
Dans le plus pur style du peplum fantastique à l'italienne, Hercule, invincible colosse, quoique quelque peu naïf, affronte donc des créatures issues de la mythologie antique et de l'imagination des scénaristes : ainsi, outre un taureau qu'il maîtrise à mains nues, le brave héros se frotte à l'Hydre de Lerne, qui pour le coup semble un peu amorphe, et surtout, ne voit pas ses têtes coupées repousser, puis à une curieuse créature proche du yéti ; il est en outre piégé par Hippolyte, la reine des Amazones... Au second plan, les complots se dessinent via le personnage de Lycos, très bien interprété par Massimo Serato, et nous avons même droit aux traditionnelles scènes de torture (ici des coups de fouet et des bains dans de l'eau bouillante).
Décidément, je n'arrive pas à trouver de défaut à ce film, qui, sans atteindre des sommets esthétiques, est parfaitement réalisé par un Bragaglia qui rythme à merveilles les aventures de son malabar en jupette, et parvient à composer de jolis tableaux (les amants d'Hippolyte transformés en arbres, la grotte de l'hydre...). Du classique en somme, mais livré avec un enthousiasme si communicatif, un tel entrain, qu'il ne peut qu'emporter dans son sillage le spectateur, tout comme Hercule entraîne à sa suite les paysans et rebelles de tout poil pour libérer la reine, prisonnière des griffes avides de pouvoir de Lycos...
Pour chicaner, on trouvera certains effets spéciaux assez limités, mais cela contribue surtout à rendre le film attachant et à lui donner un certain charme désuet. Les Amours d'Hercule est donc hautement recommandable pour les aficionados du genre comme pour les néophytes (Zeus que cette phrase est bateau).
*les noms des personnages et des lieux fluctuant selon les pays et les versions, je retranscris ceux que je pense être utilisés sur la VHS René Château...