Aventuriers de l'enfer, Les

Les Aventuriers de l'enfer (La Leggenda del rubino malese / Jungle raiders), Antonio Margheriti (Anthony M. Dawson), 1985





La fin de carrière du vénérable Antonio Margheriti est ponctuée de films dont le point commun est de se dérouler en pleine jungle. Qu'il s'agisse de films de guerre (Les Héros de l'apocalypse, Nom de code : Oies Sauvages), d'horreur (Alien, la créature des abysses) ou, comme ici, d'aventures, le moins que l'on puisse dire, c'est que le bonhomme alternait bon et moins bon dans les glorieuses 80's. Reste à savoir dans quelle catégorie se classe ces Aventuriers de l'enfer...

Tout d'abord, l'histoire : Harry Duke et Gin Fizz (!) sont deux arnaqueurs qui organisent des fausses chasses aux trésors pour bourgeois en mal d'aventures, ceci avec la complicité des autochtones experts dans l'art de se grimer pour prendre l'allure de sauvages en furie (l'occasion d'une première scène assez comique). Jusqu'au jour où l'inspecteur (j'avoue ne pas avoir saisi sa fonction exacte, honte à moi) Warren les force plus ou moins à accepter une mission d'ordre délicat : trouver le rubis des ténèbres pour le compte d'un musée... L'expédition se met en route, avec les deux acolytes, et deux membres du musée. Evidemment, une organisation criminelle est sur le coup et va mettre des bâtons dans les roues des aventuriers...



Visiblement inspiré par le succès du A la poursuite du diamant vert de Robert Zemeckis, sorti un an plus tôt, Les Aventuriers de l'enfer en reprend les principaux ingrédients : des aventuriers jetés dans la jungle à la recherche d'un diamant (rouge pour le coup, c'est ce qu'on appelle de l'originalité mesurée), et surtout un couple de héros (Duke et la conservatrice du musée) dont l'amourette est supposée constituer une aventure parallèle à la quête principale (rappelons que le titre original du film de Zemeckis est Romancing the stone...). Deux problèmes : si l'aventure à proprement parler livre son quota d'action (un nombre impressionnant d'explosions est à signaler, pas mal de poursuites en voiture, des bagarres et tout et tout), rien ne se dégage vraiment de l'ensemble. Il faut dire que le bijou en question a une fonction bien obscure (la puissance éternelle, oui, mais bon, on en a vu d'autres) et que la jungle n'offre pas vraiment d'embûches dignes de ce nom... Bref, de ce côté là, c'est tout juste correct, et encore, c'est bien parce que Margheriti prouve qu'il est tout de même un très bon technicien, conformément à sa réputation (la scène dans la grotte notamment, est un petit bijou d'éclairages).



Du côté de la romance, rien à signaler. Le couple Michael Douglas / Kathleen Turner de Zemeckis est remplacé par Christopher Connelly (La Malédiction du pharaon de Fulci), plutôt pas mal avec ses mimiques à la Harrison Ford tendance Indiana Jones, et Marina Costa (euh... je sais pas), en revanche complètement transparente. Du coup, l'alchimie ne prend pas, et les scènes entre les deux personnages tournent à l'inintéressant. Le postérieur entre deux chaises, Les Aventuriers de l'enfer hésite constamment entre comédie, aventure et romance et ne trouve jamais vraiment le ton ni, surtout le rythme adéquat. Pas désagréable à regarder, mais pas non plus franchement haletant, le film sent le produit emballé sans entrain, malgré quelques prouesses d'ordre (pyro)technique.


Heureusement, un regard vers les seconds rôles parvient à sauver le film : tête d'affiche mais pas très présent à l'écran, le légendaire Lee Van Cleef cachetonne avec classe pour son ami Margheriti. Dans le rôle anecdotique de Warren, son rictus indéfinissable marche toujours, et l'ex-grande figure du western dégaine même le colt avec un plaisir visible dans une des dernières scènes, dans le plus pur style spaghetti. Une des scènes qui sauvent le film de l'oubli. Gin Fizz est lui incarné par Alan Collins (alias Luciano Pigozzi), gueule récurrente du bis italien, et abonné aux rôles d'alcooliques. Enfin, Mike Monty régalera les amateurs de nanars en tout genre dont il s'est fait une spécialité.

      Alan Collins                  Lee Van Cleef              Christopher Connelly

                    

      Mike Monty

Les Aventuriers de l'enfer n'est donc vraiment une réussite, sans être pour autant irregardable. Si un peu plus de pêche aurait été appréciable, on se rattrapera en profitant des seconds rôles délectables et de certains moments de bravoure, relatifs, certes, mais, à tout prendre, assez distrayants. Pas le genre de film qu'on a envie de détester.



02/01/2008
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