Aventuriers de l'enfer, Les
La
fin de carrière du vénérable Antonio Margheriti
est ponctuée de films dont le point commun est de se dérouler
en pleine jungle. Qu'il s'agisse de films de guerre (Les Héros
de l'apocalypse, Nom de code : Oies Sauvages), d'horreur
(Alien, la créature des abysses) ou, comme ici,
d'aventures, le moins que l'on puisse dire, c'est que le bonhomme
alternait bon et moins bon dans les glorieuses 80's. Reste à
savoir dans quelle catégorie se classe ces Aventuriers de
l'enfer...
Tout d'abord, l'histoire : Harry Duke et Gin
Fizz (!) sont deux arnaqueurs qui organisent des fausses chasses aux
trésors pour bourgeois en mal d'aventures, ceci avec la
complicité des autochtones experts dans l'art de se grimer
pour prendre l'allure de sauvages en furie (l'occasion d'une première
scène assez comique). Jusqu'au jour où l'inspecteur
(j'avoue ne pas avoir saisi sa fonction exacte, honte à moi)
Warren les force plus ou moins à accepter une mission d'ordre
délicat : trouver le rubis des ténèbres pour le
compte d'un musée... L'expédition se met en route, avec
les deux acolytes, et deux membres du musée. Evidemment, une
organisation criminelle est sur le coup et va mettre des bâtons
dans les roues des aventuriers...
Visiblement
inspiré par le succès du A la poursuite du diamant
vert de Robert Zemeckis, sorti un an plus tôt, Les
Aventuriers de l'enfer en reprend les principaux ingrédients
: des aventuriers jetés dans la jungle à la recherche
d'un diamant (rouge pour le coup, c'est ce qu'on appelle de
l'originalité mesurée), et surtout un couple de héros
(Duke et la conservatrice du musée) dont l'amourette est
supposée constituer une aventure parallèle à la
quête principale (rappelons que le titre original du film de
Zemeckis est Romancing the stone...). Deux problèmes :
si l'aventure à proprement parler livre son quota d'action (un
nombre impressionnant d'explosions est à signaler, pas mal de
poursuites en voiture, des bagarres et tout et tout), rien ne se
dégage vraiment de l'ensemble. Il faut dire que le bijou en
question a une fonction bien obscure (la puissance éternelle,
oui, mais bon, on en a vu d'autres) et que la jungle n'offre pas
vraiment d'embûches dignes de ce nom... Bref, de ce côté
là, c'est tout juste correct, et encore, c'est bien parce que
Margheriti prouve qu'il est tout de même un très bon
technicien, conformément à sa réputation (la
scène dans la grotte notamment, est un petit bijou
d'éclairages).
Du
côté de la romance, rien à signaler. Le couple
Michael Douglas / Kathleen Turner de Zemeckis est remplacé par
Christopher Connelly (La Malédiction du pharaon de
Fulci), plutôt pas mal avec ses mimiques à la Harrison
Ford tendance Indiana Jones, et Marina Costa (euh... je sais
pas), en revanche complètement transparente. Du coup,
l'alchimie ne prend pas, et les scènes entre les deux
personnages tournent à l'inintéressant. Le postérieur
entre deux chaises, Les Aventuriers de l'enfer hésite
constamment entre comédie, aventure et romance et ne trouve
jamais vraiment le ton ni, surtout le rythme adéquat. Pas
désagréable à regarder, mais pas non plus
franchement haletant, le film sent le produit emballé sans
entrain, malgré quelques prouesses d'ordre
(pyro)technique.
Heureusement,
un regard vers les seconds rôles parvient à sauver le
film : tête d'affiche mais pas très présent à
l'écran, le légendaire Lee Van Cleef cachetonne avec
classe pour son ami Margheriti. Dans le rôle anecdotique de
Warren, son rictus indéfinissable marche toujours, et
l'ex-grande figure du western dégaine même le colt avec
un plaisir visible dans une des dernières scènes, dans
le plus pur style spaghetti. Une des scènes qui sauvent le
film de l'oubli. Gin Fizz est lui incarné par Alan Collins
(alias Luciano Pigozzi), gueule récurrente du bis italien, et
abonné aux rôles d'alcooliques. Enfin, Mike Monty
régalera les amateurs de nanars en tout genre dont il s'est
fait une spécialité.
Alan Collins Lee Van Cleef Christopher Connelly
Mike Monty
Les
Aventuriers de l'enfer n'est donc vraiment une réussite,
sans être pour autant irregardable. Si un peu plus de pêche
aurait été appréciable, on se rattrapera en
profitant des seconds rôles délectables et de certains
moments de bravoure, relatifs, certes, mais, à tout prendre,
assez distrayants. Pas le genre de film qu'on a envie de détester.