Bloody Bird

Bloody Bird (Deliria / Aquarius / Stage Fright), Michele Soavi (1987)

 

Giallo louchant des deux yeux (si si c'est possible) vers le slasher à l'américaine, Bloody Bird est une bonne démonstration du savoir-faire de Michele Soavi (The Sect, Dellamorte Dellamore), qui est pour beaucoup le dernier grand réalisateur italien à avoir émergé de Cinécitta. Sur un point de départ on ne peut plus classique (un groupe de comédiens est enfermé dans un théâtre, mais se rend vite compte qu'il n'y est pas seul), Soavi brode en effet un film très prenant, et dont les qualités ne s'arrêtent pas au simple étalage de meurtres bien saignants.


Réussir un slasher n'est en effet pas une tâche facile ; nombre de tâcherons s'y sont essayé sans succès, ne provoquant chez le spectateur qu'un ennui certes moins létal pour eux que pour les victimes du film, mais en tout cas au moins aussi profond que les blessures de celles-ci. Carpenter avait parfaitement compris en tournant Halloween, l'oeuvre fondatrice du genre, que la gestion des lieux et de l'espace y est primordiale. Et Soavi, à en juger par la maîtrise dont il fait ici preuve, a certainement compris l'exemple du maître ; le décor est parfaitement exploité, les déplacements du groupe lisibles (rien de plus soporifique qu'une fille qui court en hurlant dans des couloirs qui se ressemblent tous...) et à peu près cohérents. De plus, les personnages, s'ils sont stéréotypés, restent attachants et sortent du carcan de la bimbo et du beau-gosse surfeur, ce qui rend bien sûr plus douloureux les meurtres sauvages dont ils sont les victimes (tronçonneuse, hache, chacun aura son compte). Bloody Bird est donc une réussite formelle, ce qui, de manière étonnante, ne constitue pas sa principale qualité.

 

 

Ce qui frappe surtout dans ce film, c'est son aspect léché, qui le rapproche du giallo : les meurtres sont parfaitement chorégraphiés, parfois très sadiques, voire carrément vicelards (je n'en dis pas plus), et le look atypique du tueur semble être une référence directe aux titres à base d'animaux qui ornaient les gialli des 70's. Son comportement parfois énigmatique, comme lorsqu'il s'assoit sur un fauteuil et semble s'assoupir après avoir composé un joli tableau avec ses victimes, et les idées parfois assez inopinément poétiques du réalisateur (Soavi avait déjà prouvé son goût pour le bizarre avec The Sect) renforcent l'aspect bâtard de ce film qui ne rentre vraiment dans aucun cadre. Petit bijou de mise en scène (d'ailleurs le film annonce la couleur dès le début en commençant par un extrait de pièce de théâtre / comédie musicale, renvoyant notamment au début du Blow Out de Brian De Palma), ce Bloody Bird est franchement fascinant. 

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Disponible en DVD zone 2 français



02/01/2008
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