Continent des Hommes-Poissons, Le
Le Continent des hommes-poissons (L'Isola degli uomini pesce), Sergio Martino (1979)
Réalisé par Sergio Martino la même année que son Alligator, avatar des Dents de la mer qu'on préférera regarder avec le sourire, Le Continent des hommes-poissons est bien plus alléchant que son compère. Le scénario : à la fin du XIXème siècle, un navire français transportant un troupeau de prisonniers fait naufrage en plein océan. Pour seuls survivants, un lieutenant, médecin de son état, et une poignée de bagnards, qui se retrouvent échoués sur une île mystérieuse. Mystérieuse, car elle semble visitée de temps à autres par des créatures plutôt insolites, mi-hommes, mi-poissons. Recueillis et hébergés par un non moins mystérieux misanthrope et par sa compagne (la jolie Barbara Bach, déjà à l'affiche dans Alligator, et qui épousa le Beatle Ringo Starr en 1981...), le lieutenant et ses compagnons d'infortune vont vite se rendre compte qu'ils courent un danger imminent.
A priori sans surprises, le scénario du Continent des hommes-poissons recèle tout de même quelques originalités bienvenues. Le lecteur avide de Lovecraft qui sommeille en nous tous reconnaîtra sans peine quelques passages ou idées directement issus de l'oeuvre de l'écrivain de Providence (notamment le principe des hybrides, ou encore la scène ou Barbara Bach va à la rencontre des homme-poissons, qui rappelle fortement Le Cauchemar d'Innsmouth - dont le Dagon de Stuart Gordon constitue par ailleurs une excellente adaptation...).
Passée donc une exposition un peu longuette, on se retrouve donc à suivre une série B bien emballée, réjouissante par sa volonté d'impressionner le spectateur à coups d'effets spéciaux parfois maladroits, mais assez bien pensés. Le look des hommes-poissons, par exemple, un peu craignos sur la terre ferme, se révèle surprenant dans les scènes aquatiques... Les amateurs de films de monstres seront donc aux anges, au moins autant que ceux qui sont à la recherche d'objets filmiques assez hétéroclites ; Le Continent des hommes-poissons réussit en effet l'exploit de rassembler, ou au moins d'effleurer des genres aussi différents que le film d'aventures, le film d'époque, le film d'épouvante classique (on ne peut s'empêcher de penser parfois à L'Etrange créature du lagon noir de Jack Arnold), le film de cannibale (pour le look des hommes de main), le western... On parle même à un moment de zombies ! La patte de Sergio Martino, artisan dévoué à tous les types de films se fait bien sur sentir dans ce pot-pourri parfois un peu indigeste, mais ô combien réjouissant.
En bref, Le Continent de hommes-poissons se révèle être une bonne expérience, on ne peut plus sympathique et distrayante. Loin d'être parfait, mais tout à fait regardable, ce film a le mérite de ne jamais tomber dans le ridicule. Pas un nanar donc, loin s'en faut, juste un film attachant - c'est déjà beaucoup.
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Disponible en DVD zone 2 Fr