Contrebandiers de Santa Lucia, Les
Les Contrebandiers de Santa Lucia (I Contrabbandieri di Santa Lucia), Alfonso Brescia (1979)
Ce film est l'oeuvre d'un touche-à-tout du bis italien, Alfonso Brescia, ici caché - comme souvent - sous le pseudonyme d'Al Bradley. Peplum, western, science-fiction, polar, guerre, heroic-fantasy, et j'en passe : quasiment aucun genre n'a échappé à Brescia, qui, malheureusement, et comme on peut aisément le constater à la vision des Contrebandiers de Santa Lucia, est loin d'être le cinéaste plus doué parmi la horde de réalisateurs italiens qui hantèrent longtemps les plateaux de Cinecittà...
Le film commence par un montage d'images de la révolution iranienne de 1979 qui vit le Shah Mohamed Reza Palavi renversé au profit de Khomeini. Le scénario portera en effet sur l'influence possible de ce changement de régime sur le trafic de drogue en Occident : Don Fransesco, un des parrains locaux, s'allie avec un inspecteur de police (Gianni Garko, un peu effacé) pour empêcher une cargaison d'héroïne de parvenir en Italie, ceci afin de préserver la jeunesse napolitaine de l'enfer de la drogue. Bien sûr, la mythologie du bon contrebandier napolitain qui vit honnêtement du trafic de cigarettes (que l'on retrouvera notamment dans La Guerre des gangs, le polar hardgore de Lucio Fulci) est ici largement exploitée, avec le brave Don, la brave famille, et le brave inspecteur qui s'opposent à ce salaud de Don Miguel, qui n'a lui aucun scrupule à passer la drogue aux Etats-Unis, via sa fabrique de dragées...
Brescia bricole donc son film tant bien que mal, exploitant des images d'archives, des scènes que je soupçonne fortement êtres tirées d'autres métrages (certains passages de la poursuite en voiture notamment) et se permettant un clin d'oeil bien sympathique, lorsque l'inspecteur Radovich et un petit garçon discutent d'une affiche de film qui n'est autre que celle de Lo Scugnizzo, autre film de Brescia, avec Gianni Garko (ce que Radovich ne manque pas de souligner en termes élogieux - normal, c'est lui, Gianni Garko !). Pourtant, si l'on ne peut nier au réalisateur un certain talent pour intégrer des stock-shots à son récit (n'est pas Bruno Mattei qui veut !), on ne peut pas pour autant le féliciter pour sa réalisation assez molle et paresseuse, ni pour une narration parfois confuse (alors que le sujet ne brille pas par son extrême complexité)...
Les Contrebandiers de Santa Lucia est donc un film dispensable, pas assez bien fichu pour prétendre au statut de bon petit film - ce qu'il aurait pu être assurément, ni assez raté pour être considéré comme un nanar. Reste un film toutefois largement regardable, pour peu que vous soyez fan de Gianni Garko ou d'autres tronches habituelles du genre comme Antonio Sabato ou Mario Merola, voire de Lorraine De Selle, héroïne de Cannibal Ferox, dont vous pourrez ici admirer le plus simple appareil (selon l'expression consacrée).