Démons

Démons (Demoni), Lamberto Bava (1985)




Premier volet d'une série qui comporte trois rejetons (dont un troisième épisode plutôt officieux signé Umberto Lenzi et intitulé Black Demons), ce Démons est en quelque sorte le point de convergence de tout ce qui a pu se faire en matière de cinéma d'horreur dans les années 80. Du gore à outrance, des personnages inconsistants dont la seule fonction est de hacher ou de se faire hacher menu, un scénario qui repose sur un canevas simpliste... Démons rassemble tout cela, mais ne verse pourtant pas uniquement dans l'application servile d'une recette déjà bien éprouvée...



Seconde main


Difficile de nier l'influence d'Evil Dead, le film fondateur de tout un pan du cinéma d'horreur, sur Démons. On y retrouve pêle-mêle l'unité de lieu (la cabane de Sam Raimi est ici remplacée par un cinéma), les démons prenant possession des humains, la contamination ultra-rapide par les blessures, l'extrême dépouillement de l'intrigue, la frénésie du déroulement de celle-ci... Point de Ash en revanche, mais toute une tripotée de personnages assez singuliers qui tentent tant bien que mal de se dépêtrer de la situation pour le moins hasardeuse dans laquelle ils sont engagés : séquestrés dans un cinéma, en proie à des démons véhéments, et surtout sans armes pour se défendre... La partie est plutôt mal engagée, d'autant que le mal semble se répandre en moins de temps qu'il ne faut pour dire ''Achevez-moi !''. On retrouve donc, hormis les kids BCBG de coutume, un vieil aveugle (qui devait à l'origine être incarné par la légende du film d'épouvante Vincent Price), un pimp et ses deux ''compagnes'', un couple de beaufs... Que du beau monde, donc, aux prises avec des monstres aux dents acérées et aux yeux injecté de sang...



La Chair et le sang


Ces monstres, justement, s'en donnent à coeur joie pour infliger les pires morts possibles à leurs proies. Avec beaucoup d'imagination et pas mal d'énergie, ils nous offrent des litres d'hémoglobine délivrées par l'un des maîtres ès make-up, Sergio Stivaletti, qui a abattu ici un travail époustouflant. Certaines scènes sont d'ailleurs passées à la postérité, comme celle où une jeune fille voit un démon grandeur nature lui sortir du dos ! Enucléations (d'un aveugle en plus !), scalps, pendaisons, tout y passe à un rythme d'enfer, dans une ambiance hard-rock FM que servent admirablement d'illustres chevelus tels que Motley Crüe, Billy Idol ou encore Rick Springfield, mais surtout Claudio Simonetti, membre fondateur des mythiques Goblins, qui délivre un score énergique, dont les sonorités très 80's se marient admirablement bien avec l'ensemble joyeusement bordélique que constitue Démons. Résolument décidé à nous en mettre plein les yeux, Démons reste un des films d'horreur les plus gores de sa décennie.




Les frénétiques


Au-delà de ses inspirations évidentes, de son gore très prononcé, ce qui frappe surtout dans Démons, c'est son allure décomplexée. Bien conscient qu'il s'agit de délivrer le film le plus fun possible, les scénaristes (parmi lesquels les illustres Dardano - La Baie sanglante, Frayeurs, L'Au-delà -Sacchetti et Dario Argento) ne perdent pas de temps et installent vite l'action dans le cinéma, avant de procéder au carnage ; à tel point que la mise en abîme qui semble-t-il va être la clé du film (les événements du film projeté dans la salle semblent se reproduire parmi les spectateurs) est rapidement abandonnée au profit des diverses mises à mort. Grâce à une excellente maîtrise du huis-clos, le rythme ne faiblit jamais, et c'est le sourire au lèvre, légèrement décoiffés par le spectacle, que l'on parvient au bout de la petite heure et demie allouée au métrage. Fun, fun, fun, tel est le maître mot de l'équipe du film, qui n'hésite pas à recourir à des artifices scénaristiques tellement énormes qu'ils en paraissent géniaux, tel cet hélicoptère tombé du ciel qui arrive à point nommé ! Ajoutez à cela des scènes complètement délirantes, comme lorsque le héros décide de s'emparer du katana et de la bécane qui trônent dans le hall du cinéma (merci le décorateur) pour défourailler du démon avant de se vautrer en beauté...



On ne ressort pas indemne d'un tel spectacle, d'autant que, malgré son aspect foutraque totalement assumé, Démons se permet de livrer quelques images bien soignées par Lamberto Bava qui fait à ces quelques moments honneur à son papa. Le reste du temps, c'est plutôt au spectateur avide de spectacle bien saignant et de plaisir immédiat qu'il se plie. Avec un bonheur aussi communicatif que peut l'être le virus transformant les gens en démons dans le film... Vous avez dit mise en abîme ?





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Disponible en DVD zone 2 français



02/01/2008
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