Dernier jour de la colère, Le

Le Dernier jour de la colère (I Giorni dell'ira), Tonino Valerii (1968)



Deuxième western réalisé par Tonino Valerii, alors futur réalisateur de Mon Nom est Personne, Le Dernier jour de la colère est une oeuvre très forte, portée par deux interprètes légendaires du western italien : Giuliano Gemma, l'interprète de Ringo, et Lee Van Cleef le bad guy qu'on ne présente plus. La relation entre leurs deux personnages est en effet au coeur du film : Gemma interprète Scott, jeune bâtard que les habitants de Clifton emploient aux tâches ménagères (passer le balai, récolter les déchets organiques - dirons-nous - des habitants...), qui ne connaît vraiment que deux hommes qui le respectent, le misérable borgne du village et son maître, l'écuyer Butch. Jusqu'à ce que débarque en ville Talby (Lee Van Cleef), pistolero redoutable et classieux, qui va, après quelques petites épreuves, le prendre sous son aile.



Récit d'initiation, Le Dernier jour de la colère insiste avant tout sur l'évolution psychologique des personnages ; ainsi, Valerii prend son temps pour installer ses héros, surtout Scott, qui va pendant le film passer du statut de bon garçon naïf à celui de vengeur impitoyable, en passant par le stade du simple flambeur, prêt à tout pour en remontrer à ceux qui le méprisaient auparavant. Une évolution amenée par Talby, cynique et féroce lonesome cowboy au passé trouble, expert en armement, imbattable au pistolet, mais se sachant sur la pente descendante. Entre ces deux figures, une filiation paraît inévitable : c'est Talby qui baptise symboliquement Scott en lui donnant un nom de famille que les habitants de Clifton lui refusaient du fait de son statut de bâtard. C'est en Scott que Talby voit le moyen de perpétrer son influence et d'assurer ses vieux jours. Une relation ambiguë, puisque, si le dévouement de Gemma est limpide, les intentions de Talby sont plus floues, jusqu'à ce que le scénario excellent de Valerii, Ernesto Gastaldi (scénariste du Corps et du fouet de Bava, et de La Vierge de Nuremberg de Margheriti...) et Renzo Genta (scénariste sur Le Dernier monde cannibale de Ruggero Deodato) révèle son intérêt, provoquant l'inévitable face à face.



Tout en mettant donc un point d'honneur à donner de la consistance à ses personnages, Valerii s'autorise plusieurs morceaux de bravoure, dont un qui restera à jamais légendaire : un duel à cheval au fusil entre Talby et un chasseur de primes, qui, en plus de délivrer une tension palpable grâce à un montage parfait et à une sensation de rapidité qui tranche avec la figure classique plus ou moins statique du duel, révèle au spectateur le côté obscur du personnage de Van Cleef, qui ne gagne qu'à l'aide d'une ruse certes ingénieuse, mais indéjouable pour quiconque se bat dans les règles de l'art. C'est donc tout le problème de la loyauté qui est exposé au cours de cette scène magistrale, problème qui traverse tout le film, mettant à l'épreuve autant Scott que Talby, et se dénouant dans un final excellent.



Interprétation brillante, scénario prenant et thématique amenée avec force intelligence ; comme si cela ne suffisait pas, Le Dernier jour de la colère se paie en plus le luxe de bénéficier d'une très bonne mise en scène de Valerii, qui, s'il reste parfois un peu trop académique durant la majeure partie des scènes d'exposition, laisse exploser son talent au cours de scènes d'action époustouflantes de maîtrise, fortement influencées par son mentor Sergio Leone, mais qui ne tombent jamais dans le plagiat essoufflé. En outre, le film est bercé par une très bonne musique (dont le thème récurrent a sans doute inspiré celui de la série de jeux vidéo Wild Arms, peu avare en références aux westerns). Pourquoi se priver ?



-

Disponible en DVD zone 2 français



01/01/2008
0 Poster un commentaire

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour