Fanfaron, Le
Le Fanfaron (Il sorpasso), de Dino Risi (1962)

Réalisé quelques mois avant Les Monstres, Le Fanfaron est à ranger parmi les grands films de Dino Risi. En vedette, Vittorio Gassman et Jean-Louis Trintignant incarnent respectivement Bruno, un mâle italien totalement irresponsable et effroyablement drôle, et Roberto un étudiant coincé et un peu trop respectueux. La rencontre des deux personnalités va s'avérer riche en enseignements...

Comédie fortement teintée de road-movie, Le Fanfaron s'attache à montrer méticuleusement comment deux êtres qu'a priori tout sépare (la situation sociale, l'âge, le caractère) vont, l'espace de deux jours, devenir proches, et s'enrichir mutuellement. Au gré des bouffoneries de Gassman, formidable en kéké des années 60, obsédé par sa voiture et se moquant de tout et de tout le monde, Dino Risi parvient à dérouler une histoire fragmentée, faite de petits épisodes qui, mis bout à bout, reconstituent l'évolution des deux héros. Quasiment toujours amorcées par la gouaille de Gassman, ces épisodes vont forger peu à peu le jeune Roberto et l'amener à se lâcher un peu, quitte à singer son compagnon. Peu à peu cependant, la force apparente de Bruno va se dissoudre au fil de ses frasques, qui révèleront peu à peu ses failles...

Le Fanfaron, au-delà de son scénario intéressant et bien mené, est porté par une structure duelle particulièrement intéressante : les deux compères sont à bord d'une Lancia Aurelia, et roulent principalement sur la Via Aurelia ; les pertes des illusions de Roberto sur son enfance seront suivies des révélations sur le passé conjugal de Bruno; les plans magnifiques composés par Risi scindent souvent l'écran en deux ; etc... De cette structure résulte un rythme binaire, et l'impression d'une boucle fermée que confirme le dénouement brutal.

Rythmé par des tubes de l'époque et par un très bon score de Riz Ortolani, le film est donc superbement mis en images par un Risi en grande forme, qui maîtrise parfaitement l'enchaînement de ses séquences et la composition de ses plans. Des simples points de vue technique et esthétique, Le Fanfaron est une réussite. S'ajoutent à cela des scènes proprement irrésistibles, dans lesquelles les répliques de Gassman font mouche à chaque fois, quand ce n'est pas le jeu guindé de J.-L. Trintignant qui déclenche l'hilarité, par contraste avec l'exubérance de son compagnon.
Enfin, le film, dans la grande tradition de la comédie italienne, s'accompagne d'une réflexion amère sur la société de son époque : rutilante et superficielle, toute portée sur la jouissance immédiate ; pas encore en proie à la violence qui surviendra bientôt, mais fondamentalement pourrie par les fantômes du fascisme (le personnage de l'oncle de Roberto).
Maintenant, à vous de choisir la conclusion qui s'impose :
A) Le Fanfaron est un grand film.
B) Le Fanfaron est un chef d'oeuvre.
C) Je préfère La Flic chez les poulets.
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Disponible en DVD zone 2 FR

Réalisé quelques mois avant Les Monstres, Le Fanfaron est à ranger parmi les grands films de Dino Risi. En vedette, Vittorio Gassman et Jean-Louis Trintignant incarnent respectivement Bruno, un mâle italien totalement irresponsable et effroyablement drôle, et Roberto un étudiant coincé et un peu trop respectueux. La rencontre des deux personnalités va s'avérer riche en enseignements...

Comédie fortement teintée de road-movie, Le Fanfaron s'attache à montrer méticuleusement comment deux êtres qu'a priori tout sépare (la situation sociale, l'âge, le caractère) vont, l'espace de deux jours, devenir proches, et s'enrichir mutuellement. Au gré des bouffoneries de Gassman, formidable en kéké des années 60, obsédé par sa voiture et se moquant de tout et de tout le monde, Dino Risi parvient à dérouler une histoire fragmentée, faite de petits épisodes qui, mis bout à bout, reconstituent l'évolution des deux héros. Quasiment toujours amorcées par la gouaille de Gassman, ces épisodes vont forger peu à peu le jeune Roberto et l'amener à se lâcher un peu, quitte à singer son compagnon. Peu à peu cependant, la force apparente de Bruno va se dissoudre au fil de ses frasques, qui révèleront peu à peu ses failles...

Le Fanfaron, au-delà de son scénario intéressant et bien mené, est porté par une structure duelle particulièrement intéressante : les deux compères sont à bord d'une Lancia Aurelia, et roulent principalement sur la Via Aurelia ; les pertes des illusions de Roberto sur son enfance seront suivies des révélations sur le passé conjugal de Bruno; les plans magnifiques composés par Risi scindent souvent l'écran en deux ; etc... De cette structure résulte un rythme binaire, et l'impression d'une boucle fermée que confirme le dénouement brutal.

Rythmé par des tubes de l'époque et par un très bon score de Riz Ortolani, le film est donc superbement mis en images par un Risi en grande forme, qui maîtrise parfaitement l'enchaînement de ses séquences et la composition de ses plans. Des simples points de vue technique et esthétique, Le Fanfaron est une réussite. S'ajoutent à cela des scènes proprement irrésistibles, dans lesquelles les répliques de Gassman font mouche à chaque fois, quand ce n'est pas le jeu guindé de J.-L. Trintignant qui déclenche l'hilarité, par contraste avec l'exubérance de son compagnon.
Enfin, le film, dans la grande tradition de la comédie italienne, s'accompagne d'une réflexion amère sur la société de son époque : rutilante et superficielle, toute portée sur la jouissance immédiate ; pas encore en proie à la violence qui surviendra bientôt, mais fondamentalement pourrie par les fantômes du fascisme (le personnage de l'oncle de Roberto).
Maintenant, à vous de choisir la conclusion qui s'impose :
A) Le Fanfaron est un grand film.
B) Le Fanfaron est un chef d'oeuvre.
C) Je préfère La Flic chez les poulets.
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Disponible en DVD zone 2 FR