Fantôme de l'opéra, Le
Le fantôme de l'opéra (Il fantasma dell' Opera), Dario Argento (1998)
De tous les films de Dario Argento, Le fantôme de l'opéra est unanimement considéré comme le plus mauvais. Pourtant, je ne peux pas m'empêcher de bien aimer ce film complètement barré, qui tranche complètement avec la perfection d'un Suspiria ou d'un Oiseau au plumage de cristal - par exemple - mais contient tous les ingrédients d'un voyage cinématographique complètement débile, ce qui ne peut que me réjouir.

Pour commencer, les scènes gores, qui jouent la surenchère esthétique, comme toujours chez Argento, sont ici complètement rigolardes, tant elles découlent de situations, de personnages ou d'artifices ridicules (voir le tout premier mort): c'est con donc c'est bon. Une exception toutefois, le type empalé sur la stalagmite, scène assez impressionnant pour faire passer deux secondes l'envie de rire (juste deux secondes hein). A noter que la découverte de ce cadavre est accompagnée d'un cri que je considère comme le plus beau du 7ème art.
Autre source de nanardise, la relation entre le Fantôme (Julian Sands, que je trouve convaincant ici - sans rire) et Christine (Asia Argento), qui est elle aussi complètement poussée dans les retranchements de l'absolue ringardise, grâce à une singulière propension à surligner tout avec un marqueur indélébile. Une de mes scènes favorites est donc logiquement celle où le Fantôme rêve de Christine, et transpose ses fantasmes sur un ciel étoilé: un monument de loufoquerie sur lequel je ne m'étendrai pas pour vous laisser toute la primeur du fou rire qui ne manquera pas de vous étouffer. A moins que vous trouviez davantage votre compte dans la séquence de chasse aux rats dans les catacombes, chasse menée par deux gogols - dont un nain - lancés à toute berzingue sur une machine à vapeur de leur invention: waow!
Comme d'habitude chez Argento, le film est parcouru par des personnages loufoques (on se souvient notamment du détective loser homosexuel incarné par Jean-Pierre Marielle dans Quatre mouches de velours gris). Et ce n'est pas peu dire, puisqu'entre le nain sus-cité et la grosse cantatrice irascible, on trouve un amateur d'opéra et de petites filles (il sera bien puni de ses penchants) et un chasseur de rats névrosé. Ces personnages, et d'autres que j'ai dû oublier, ajoutent encore une plus-value de grotesque assez jouissive dans cet ovni cinématographique, qui est en outre parsemé de plans-nichons ma foi fort sympathiques...
Tout amateur de nanar bien saignant ne saurait donc résister à ce film qui serait simplement navrant s'il n'était porté par l'évident sens de la mise en scène d'Argento, par des maquillages bien foutus et par un rythme assez rapide pour laisser un agréable goût de bonbon que l'on sait très mauvais pour la santé, mais qui n'en est que meilleur pour les papilles. Certes, la vision de ce truc fait un peu de peine pour le grand Dario, qui semblait ici avoir complètement lâché l'affaire, mais, peu importe, Le fantôme de l'opéra est le meilleur film raté de tous les temps!
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Disponible en DVD zone 2 français