Hache pour la lune de miel, Une
Une hache pour la lune de miel (Il rosso segno della follia), Mario Bava (1970)
Le riche propriétaire d'une maison de design de robes de mariées s'avère être un meurtrier compulsif hanté par la mort de sa mère. La police mène l'enquête autour de lui, tandis qu'il supporte de moins en moins sa femme...
A la lecture de ce résumé on s'aperçoit déjà de l'originalité de ce giallo: dès les premières images, on connaît l'identité du tueur, qui est en plus le personnage principal. L'intérêt ne réside donc pas dans la recherche de l'identité de l'assassin, ni même dans les meurtres, peu nombreux et finalement pas très graphique. Pas plus d'ailleurs que dans le scénario convenu et sans surprise, du début à la "révélation" finale. En effet, mis à part l'intrusion du fantastique assez bienvenue vers le milieu du métrage, lorsque le fantôme de la femme du tueur entre en scène pour le tourmenter, le récit est assez conventionnel, et les personnages trop archétypaux pour susciter la moindre empathie.
Mais alors où se cache l'intérêt du métrage? Qu'est-ce qui fait d'Une hache pour la lune de miel un film si particulier? C'est simple: Mario Bava. Esthète formidable et directeur d'acteur fainéant, génie de l'image et piètre narrateur. De la vision de la plupart des films de Bava, je ressors toujours frustré: pourquoi diable ce sens de l'image unique s'allie-t-il avec une sensation de léger ennui? A mon sens, les seuls films du monsieur que je connaisse qui échappent à cette règle et équilibrent narration et esthétisme sont Le masque du démon, sa première réalisation (1960), Les trois visages de la peur (du fait de sa nature de films à sketches, qui ne nécessite pas de "tenir" 1h30) et La Baie sanglante, précurseur du slasher ricain, qui enchaîne frénétiquement les meurtres. Une hache pour la lune de miel n'échappe donc pas à la règle, et une fois de plus la torpeur s'est emparée de moi, malgré mes efforts pour me raccrocher au travail formidable sur l'éclairage et les couleurs, à la composition des cadres quasi-parfaits, et à deux-trois scènes très réussies (notamment lorsque le tueur, coiffé et maquillé comme une jeune mariée, voit sa besogne interrompue par l'irruption d'un inspecteur de police)...
Les acteurs sont en roue libre, et le mauvais goût vestimentaire de l'époque fait des ravages (rhôôôôôô mais brûlez-moi ce pyjama noir et blanc, et jetez-moi la ceinture en cuir (!) qui va avec!), comme trop souvent dans les gialli de Bava père (cf. le kitsch et un peu raté, L'île de l'épouvante, un an auparavant).
Génial dans son esthétique, mais peu passionnant dans son sujet rebattu, ce film reste tout de même intéressant dans le sens où il s'agit du dernier giallo de Mario Bava avant La Baie sanglante, qui met un point final ultime et extrême au giallo. Du moins jusqu'à ce qu'un certain Dario Argento refasse de celui-ci un genre majeur du ciné italien, quelques années plus tard...
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Disponible en dvd zone 2 français