Holocaust 2000
Holocaust 2000 (The Chosen), Alberto de Martino (1977)
Croisement improbable entre La Malédiction et Rosemary's Baby, Holocaust 2000 fonctionne pourtant parfaitement, et parvient même à se détacher de ses prestigieuses influences pour faire part d'une personnalité surprenante et inattendue : Kirk Douglas (impérial) incarne un physicien de renommée et peu apprécié des écologistes, qui refusent de voir se concrétiser son projet de centrale nucléaire porté à bout de bras avec son fils, appelé à lui succéder (Simon Ward, très charismatique). Bien des obstacles insurmontables se forment devant ce projet, jusqu'à ce qu'un par un, ceux-ci se résorbent comme par miracle. L'occasion pour Kirk Douglas de s'interroger sur le bien-fondé de ses propres actions...
De La Malédiction de Richard Donner, Holocaust 2000 reprend l'avènement de l'Antéchrist et les morts inexpliquées qui frappent un par un les personnes qui tentent de l'empêcher ; de Rosemary's Baby, la paranoïa qui s'empare de la mère supposée du monstre. On peut même songer à L'Exorciste lors de l'ouverture du film par une scène de fouilles au Moyen-Orient... Des références prestigieuses et incontestables qui ne semblent pourtant pas gêner Alberto de Martino, qui tire parti de son excellent casting et d'une allégorie assez osée sur la nature de l'Apocalypse pour faire avancer son film.
En effet, si le récit est fortement teinté de références religieuses pour tout ce qui concerne l'avènement de l'Antéchrist, toutes les phrases de la prophéties sont habilement détournées vers une conception plus rationnelle de l'Apocalypse : le dragon est représenté par une centrale nucléaire, projet sur lequel travaille Kirk Douglas depuis des lustres, ses cornes par les régulateurs, etc... Tout cela constitue à établir une ambiance assez singulière, mélange de mysticisme et de technologie qui détonne et permet d'oublier un instant les sources de De Martino. Un De Martino qui se permet des séquences mémorables, lorsqu'il filme une assemblée d'aliénés prêts à en découdre avec Kirk Douglas, ou encore le rêve prophétique de ce dernier, qui se retrouve nu sur une plage de sel, face au dragon qui émerge de l'eau...
Les pistes sont en outre assez habilement brouillées pour que l'intérêt soit constant, ce malgré un aspect explicatif dans l'intrigue parfois dommageable. Les différentes morts, si elles ne constituent pas des sommets du gore, loin s'en faut, restent originales et surprenantes (notamment une décapitation à la pale d'hélicoptère assez sympathique), et la classe des acteurs permet de rendre les personnages crédibles et attachants.
Pamphlet écologiste désabusé, film d'épouvante fortement inscrit dans la tradition américaine, Holocaust 2000 parvient avant tout à surprendre et à captiver le spectateur, ce qui est une réussite déjà bien appréciable. Alberto de Martino lui insuffle en outre une dose d'audace graphique qui permet à son film, si ce n'est de se placer à la hauteur de ses modèles, du moins d'en constituer un démarquage habile et singulier.