Homme à respecter, Un
Un homme à respecter
(Un uomo da rispettare / The Master Touch), Michele
Lupo (1972)
Kirk Douglas, Florinda
Bolkan, Giuliano Gemma. Difficile de faire plus attractif comme trio
d'acteurs ; entre la star internationale qui accosta le temps de
quelques films sur les rives de Cinecittà, la magnifique
actrice d'origine brésilienne, et l'emblématique
acrobate, star du western italien à l'éternelle gueule
d'ange, chacun y trouve son compte. D'autant que Michele Lupo réunit
les trois vedettes dans un film sacrément bien
fichu.
Steve
(Douglas) est un as du cambriolage, rompu à toutes les
serrures et systèmes électroniques. Ce qui ne l'empêcha
pas de se faire un jour prendre et de passer quelques années à
l'ombre. A peine sorti de prison, ses anciens collaborateurs le
sollicitent pour un gros coup, ce que Steve refuse, arguant qu'il
désire maintenant se ranger et vivre tranquillement avec sa
femme (Florinda Bolkan, déjà parfaite dans La Longue nuit de l'exorcisme de Fulci). Toutefois, il ne s'agit
que d'un prétexte : Steve réalisera le gros coup, mais
pour son propre compte. Pour cela, il a besoin d'un collaborateur
audacieux, qu'il trouve en la personne de Marco (Gemma), jeune
trapéziste débonnaire et fanfaron, mais diablement
habile de ses mains. Le hic, c'est qu'Anna s'oppose à la
perspective d'un nouveau coup qui risquerait de condamner de nouveau
son mari à la prison...
Le
noeud du film réside dans les relations entre les trois
personnages principaux, qui ne cessent d'évoluer au cours du
scénario. Servis par un Kirk Douglas classieux, un Giuliano
Gemma bondissant et adepte de la cool-attitude, et une Florinda
Bolkan simplement divine (de loin la meilleure prestation du film),
les personnages d' Un Homme à respecter parviennent à
rendre les enjeux bien plus prenants que ce qu'ils pourraient être
dans un "simple" film de cambriolage ; les scènes
d'action deviennent ainsi pleines de tension, et le spectateur reste
accroché au film jusqu'au bout de ce qui constitue avant tout
une puissante histoire humaine, bien écrite et, au final,
emplie d'amertume.
Cela
n'empêche pas pour autant Un Homme à respecter de
constituer un excellent divertissement, avec son lot de bagarres
longues, violentes et très bien chorégraphiées,
mettant le plus souvent aux prises Marco et sa nemesis "Le
Boucher" grosse brute qui ne cesse de revenir à la charge
au cours du film - autant d'occasions pour Giuliano Gemma de faire
montre de ses grandes capacités athlétiques. Le morceau
de choix du film reste tout de même une poursuite en voiture
entre les deux antagonistes, poursuite haletante et
jusqu'au-boutiste, qui accumule les morceaux de bravoure et ne
s'achève que lorsque l'un des deux véhicules se
retrouve littéralement en miettes ! Quant au cambriolage qui
occupe la dernière partie du film, c'est un petit bijou de
précision et de mise en scène.
Divertissement
généreux, histoire prenante servie par des acteurs
géniaux, Un Homme à respecter est un modèle
du genre, un film qui parvient à la fois à se montrer
fun et à laisser place à des moments plus graves, qui
font mouche à chaque fois. Michele Lupo nous sert ici un grand
moment de cinéma, qui mériterait sans doute une sortie
DVD dans nos contrées, quelque peu avares en polars
italiens...