Homme, l'orgueil et la vengeance, L'

L'Homme, l'orgueil et la vengance (L'Uomo, l'orgoglio, la vendetta), Luigi Bazzoni (1968)

Aussi étrange que cela puisse paraître, ce film est l'adaptation quasiment mot à mot de Carmen - non pas de l'opéra de Bizet, mais du petit roman de Prosper Mérimée qui en est à l'origine. L'entreprise est forcément déroutante, voyons si elle est réussie.


Un coup d'oeil sur le casting d'abord : outre l'emblématique Franco Nero, figure de proue du western italien, l'amateur du genre sera ravi de retrouver Klaus Kinski, qui décidément est partout (même si, ici comme souvent, son temps d'apparition à l'écran est assez limité) et Guido Lollobrigida, patibulaire et récurrent second rôle  (vu notamment dans Et le vent apporta la violence). Citons enfin la ravissante Tina Aumont, qui campe une Carmen crédible et aussi insaisissable que chez Mérimée...



A proprement parler, L'Homme, l'orgueil et la vengeance n'est pas un véritable western, puisque, respectant ainsi scrupuleusement le livre, l'action se déroule en Espagne (ce qui est d'ailleurs assez sympathique puisque la grande majorité des westerns italiens étaient tournés... en Espagne !). De plus, les trois premiers quarts d'heure suivent à la lettre Mérimée. Point donc de fusillade, d'embuscades ou de duels poussiéreux ; nous suivons l'histoire de Don José, officier scrupuleux qui a le malheur de rencontrer Carmen, jeune gitane dont il tombe éperdument amoureux ; malheureusement, car celle-ci va le mener par le bout du nez pour en faire finalement un hors-la-loi. C'est alors que Luigi Bazzoni fait de son récit un authentique western, notamment lors d'une sympathique séquence de guet-apens sur une diligence remplie d'or... Toute la seconde partie du film reprend alors les codes classiques du western.



C'est d'ailleurs ce qui fait un peu la faiblesse du film, qui semble se scinder en deux à partir de ce moment ; la trame de Mérimée n'est plus qu'accessoire et ne ressurgit vraiment que lors de la mort de Carmen. Dommage que les scénaristes n'aient pas poussé l'audace jusqu'à transposer intégralement l'action dans le Far-West, ce qui aurait sans doute permis une unité de ton salvatrice, car la réalisation de Luigi Bazzoni n'est pas toujours à la hauteur, et dessert plutôt le sujet.


En l'état, L'Homme, l'orgueil et la vengeance reste un bon film, original dans sa démarche, mais peut-être trop limité techniquement pour vraiment s'imposer. Restent un Franco Nero qui a parfaitement saisi l'esprit du Don José de Mérimée, un final s'éloignant du roman, mais puissamment symbolique, et des seconds rôles sympathiques (Kinski en tête, toujours parfait lorsqu'il s'agit de jouer les ordures finies). A voir.

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Disponible en DVD zone 2 français



01/01/2008
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