Il s'appelle Amen

Il s'appelle Amen (Cosi sia / They called him Amen), Alfio Caltabiano (1972)


La série des Trinita, westerns comiques bas du front avec Terence Hill et Bud Spencer, est souvent pointée du doigt et accusée d'avoir enterré prématurément le western italien. L'affirmation est partiellement vraie, mais quelque peu exagérée. S'il faut trouver des coupables, entreprise aberrante tant la chute du genre était une chose aussi prévisible que celle, par exemple, du péplum en son temps, il faudrait plutôt se tourner vers la descendance de Trinita, à commencer par la multitude de suites indigestes, d'abord, mais également par ses resucées éhontées. Il s'appelle Amen fait partie de celles-là.


Amen est un vagabond à la coule (un peu comme Terence Hill), qui n'hésite pas à dessouder du bandit quand il le faut. Un jour il retrouve la trace de Smith, son ancien compère, géant aux paluches démesurées (un peu comme Bud Spencer). Celui-ci s'est acheté une conduite et est devenu révérend, ce qui ne l'empêche pas de continuer à ouvrir des coffres-forts en douce, pour les bonnes oeuvres, bien sûr. Amen lui propose d'oublier leurs querelles et de s'allier le temps d'un casse alléchant...


Un scénario prétexte à enfiler des grosses bagarres et des tranches de rire impayables. Sauf que si les premières sont relativement présentes, le second point est plus discutable. Certes, le film croule sous les gags – mais faire rire ne s'improvise pas. On peut bien reprocher ce qu'on veut au duo Hill / Spencer, mais force est de constater que les deux sont de bons acteurs, et que leurs réunions témoignent d'une complicité à l'écran assez imparable. Or, dans le rôle de Terence Hill, nous avons Luc Merenda, bellâtre français (et interprète éphémère d'OSS 117 !) dont la capacité à jouer laisse ici quelque peu perplexe (alors qu'il se révèle pourtant bien meilleur dans d'autres films tels que L'Homme sans mémoire de Tessari par exemple), mais qui lève la jambe comme pas deux lorsqu'il s'agit de foutre des tatanes aux vilains. Comme Bud Spencer de service, personne d'autre que le réalisateur en personne, Alfio Caltabiano, sous son pseudonyme de Alf Thunder, qui ne dégage rien, à aucun moment, et qui paraît s'ennuyer cordialement tout au long du film. Un couple de héros qui n'attire pas vraiment la sympathie, donc.



Luc Merenda


Un petit tour dans les seconds rôles, peut-être ? Mise à part la ravissante Sydne Rome, dont les grands yeux bleus illuminent les quelques séquences où elle apparaît (la conscience professionnelle m'oblige à relever une brève mais précieuse scène de bain), les autres acteurs alternent entre le médiocre et le carrément nul (mention spéciale chef des bandits, dont la verve comique est assez consternante), quand ils ne se vautrent pas dans le surjeu le plus non-sensique.


Il s'appelle Amen se paie en outre le luxe d'être aussi mou qu'il est mal interprété. Rythmé comme un mauvais épisode de Matlock et aussi drôle que le 20 heures, ce film n'a donc que très peu d'atouts dans sa manche : quelques bagarres amusantes bien que sentant le réchauffé, un ou deux running gags sympathiques mais pas non plus transcendants car assez mal mis en scène (le révérend qui demande à Dieu une permission avant de jouer des poings), et c'est à peu près tout. Le tout se pare en outre des pires atours de la comédie à l'italienne, version bas de gamme (les traditionnelles scènes ''légèrement'' homophobes, une vision assez étriquée de la femme...). Et pourtant, chose extrêmement surprenante, on trouve au rayon des scénaristes un certain... Dario Argento (selon IMDB en tout cas) !


Vous l'aurez compris, Il s'appelle Amen n'a d'intérêt que pour les fans dérangés de bis, ou les collectionneurs compulsifs, voire même les personnes dévouées à Dario Argento (je me range dans les trois). On vous aura prévenu.



01/01/2008
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