Mon nom est Shangai Joe

Mon nom est Shangai Joe (Il mio nome è Shangai Joe), de Mario Caiano (1972)



Au début des années 70, le western spaghetti commence à montrer des signes inquiétants et évidents d'essoufflement. Si la production reste conséquente, la qualité moyenne chute. Le public s'en aperçoit, et les producteurs sont bien conscients que s'ils ne tentent rien, les pépètes vont se faire rares. Ainsi naissent des projets hybrides comme ce Mon nom est Shangai Joe, qui mêle le western au film de kung-fu, genre qui commence à percer sérieusement en Europe et aux États-Unis (La Main de fer, premier gros carton occidental du genre, ne va pas tarder à sortir).



C'est Mario Caiano, qui s'est illustré aussi bien dans l'épouvante gothique (Les Amants d'outre-tombe), que dans le peplum et le western qui voit réuni devant sa caméra l'artiste martial Chen Lee et une enfilade de tronches récurrentes du genre - Klaus Kinski, qui se coltine le rôle le plus glauque du film, et dont l'apparition superbe justifie sa deuxième place dans le générique malgré trois minutes de présence à l'écran à tout casser, Piero Lulli, ou encore le toujours réjouissant Gordon Mitchell.


                Klaus Kinski                               Gordon Mitchell

Le scénario est totalement décousu et propose de suivre Shangai Joe, Chinois débarqué au Texas, dans ses pérégrinations. Cherchant désespérément du travail , Joe se heurte systématiquement au racisme des autochtones. Chose qu'il règle généralement à grands coups de tatane. Il rencontre finalement Spencer, qui exploite des travailleurs mexicains, et les torture à l'occasion. Le droit Joe se dresse devant l'infamie, et se voit dès lors inlassablement poursuivi par des tueurs à gages à la solde de Spencer. Le dernier de ceux-ci est une espèce de samouraï chinois (!) dont l'apparition est l'occasion d'un duel au sabre sympathique.



Si l'introduction du kung-fu dans l'univers du kung-fu est une très bonne idée, c'est surtout par sa brutalité insensée que Mon nom est Shangai Joe marque les esprits. Derrière ses faux airs de dénonciation du racisme américain, le film est avant tout un exutoire assez efficace. On n'y hésite pas à scalper, à arracher des yeux, ou à briser des membres. Surprenant, et diablement efficace.



Cette violence rarement vue dans l'un ou l'autre des genres exploités masque les faiblesses du film : son scénario qu'on croirait improvisé, ses personnages superficiels (seul Kinski parvient à donner une certaine consistance à son personnage de dégénéré - en trois minutes montre en main), sa réalisation qui peine parfois à donner de la pêche aux combats, et son héros peu charismatique. Et surtout ces incessants plans kitschs ou Chen Lee saute très haut en faisant une roulade et en poussant un cri... Drôle, mais un peu lassant au bout du vingtième.

Limité, mais enjoué, Mon nom est Shangai Joe est une vraie petite réussite, entraînante et très drôle, pour peu qu'on lui passe ses lacunes, compensées par un aspect "exploitation" prononcé, et d'ailleurs très réussi.

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disponible en DVD zone 2 fr


25/02/2008
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