Monstres, Les

Les Monstres (I Mostri), de Dino Risi (1963)



Le film à sketches, et a fortiori la comédie à sketches, a été en son temps une véritable institution en Italie. Parmi les plus réputées se trouvent ces Monstres, qui connurent un très grand succès et lancèrent une mode qui dura une bonne petite dizaine d'années. Signé Dino Risi, ce film comporte une petite vingtaine de sketches, plus ou moins longs, qui se proposent tous de démanteler des attitudes médiocres contemporaines.

Ainsi, on croise les habituelles figures du cocu, du jaloux, du séducteur, du filou, de la jeune nymphomane, etc... Mais loin de tomber systématiquement dans le cliché, Risi s'attache non seulement à nuancer ses portraits, mais également à n'oublier personne. Tout le monde s'en prend donc un peu plein la figure : qu'on se moque des politiciens ou qu'on jette impitoyablement une petite vieille à l'eau, peu importe : seul compte la beauté comique du geste, satirique ou totalement gratuit, comme dans l'hallucinant sketche où deux carabiniers excessivement laids et supposément abrutis sont photographiés, encadrant le criminel qu'ils ont arrêté, ce en plan fixe, et pendant une bonne minute !



C'est aussi par sa concision que se distingue Les Monstres. Chaque sketche est ciselé, et est avant tout tendu vers sa chute ; ce qui implique forcément d'être parfois déçu, celle-ci étant bien souvent attendue, mais qui ne doit pas priver le spectateur de profiter des jolis plans concoctés par Dino Risi (notamment le plan final, superbe), d'un appréciable noir & blanc, des très bons dialogues, et surtout d'acteurs impeccables.



Deux monstres sacrés de la comédie italienne, Vittorio Gassman et Ugo Tognazzi, se partagent en effet la vedette et incarnent chacun une bonne dizaine de personnages, avec une impressionnante constance dans la qualité. Dans les seconds rôles (cocoriquons un peu) on peut remarquer Michèle Mercier, qui a eu une carrière assez intéressante en Italie, mais également Lando Buzzanca, héros obsédé dans Les Femmes du député de Lucio Fulci...



Les Monstres est en tout cas une comédie bien plus fine qu'il l'y paraît, axant une bonne partie de son impact comique sur les loghorrées de dialogues que débitent les personnages, lesquels se servent souvent de ces ondes dialogiques comme d'un paravent pour cacher leurs travers. Si la satire manque quelquefois de puissance, et donne à de rares occasions dans la facilité, elle fait tout de même mouche à de multiples reprises.

Pour finir, voilà trois de mes sketches favoris (sans développer, pour ne pas gâcher la surprise) : "Le Noble Art", "Le Monstre" et "Témoin volontaire"...

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Disponible en DVD zone 2 FR


11/01/2008
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