Retour de Croc-Blanc, Le

Le Retour de Croc-Blanc (Il ritorno di Zanna Bianca / Les Aventuriers du Grand Nord / Le Retour de Buck le loup), Lucio Fulci (1974)



Quelques temps après son plutôt réussi Croc-Blanc, Lucio Fulci décide de lui donner une suite. Au programme, les mêmes acteurs, les mêmes personnages et, grosso modo, la même trame; le résultat est-il pour autant similaire ?


Avant tout, un petit aperçu du scénario : après les évènements du premier volet et la mort supposée du vilain Beauty Smith (John Steiner), l'écrivain Jason Scott (Franco Nero) est appelé à la ville pour promouvoir le récit de ses aventures. Durant son absence, le petit indien Mitsah est assassiné et Croc-Blanc (Buck pour la version française...), orphelin, est adopté par un vieil homme et son petit-fils. Mais alors qu'on le croyait mort, Beauty Smith va une fois de plus se mettre en travers de la route de Jason Scott et de son ami Kurt (Raimund Harmstorf), sous les traits de l'infirme Forth... L'occasion pour Croc-Blanc de retrouver son ancien maître et de se mettre une fois de plus en valeur.



Rien de bien neuf à l'horizon ; Fulci livre encore une fois un film d'aventures honnête, qui vaut avant tout pour la prestation impeccable de Nero (euphémisme). Bien qu'handicapé par des trous béants dans le scénario (pourquoi personne n'évoque la mort de Mitsah, que tout le monde semble d'ailleurs avoir oublié ? Comment Kurt est-il tombé amoureux de la soeur d'un jeune explorateur ?, etc...), si apparents que l'on doute par moments d'avoir affaire à la version intégrale du film, Le Retour de Croc-Blanc parvient néanmoins à rappeler qu'il est bien l'oeuvre de son réalisateur, et pas un simple film alimentaire.



En effet, tout comme dans le premier opus, nous avons ici affaire à un film tout de même assez corsé au niveau de la violence : meurtre d'enfant - de sang-froid, corps dévoré par les loups, torche humaine, amputation (suggérée pour le coup), le clou du spectacle étant la vision de Forth à la fois égorgé et éventré par les skis de son traîneau, renversé lors d'une course décidant de la propriété d'un gisement d'or... Une manière comme une autre pour Fulci de perpétuer la logique jusqu'au-boutiste qui caractérise sa filmographie. La scène apparaît d'ailleurs comme une pulsion mal réprimée, un sursaut sanglant de la conscience du réalisateur, plutôt que comme une expression de la violence gratuite que beaucoup voient dans ses films. L'irruption soudaine et franchement inattendue de ce débordement ne fait que confirmer que Fulci nourrit une fascination pour la violence, pour son aspect graphique prononcé (la scène est en effet assez gore), mais surtout par son universalité. Il suffit de regarder la manière dont il l'intègre à ses westerns ou à ses polars pour s'apercevoir que le sang est une réelle fatalité dans son oeuvre, un élément qu'il ne peut ni réprimer, ni occulter. Position ambiguë, mais qui contribue à faire de Fulci un réalisateur à part entière, une figure incontournable, qui, quel que soit le genre qu'il aborde, délivre les mêmes notes d'intentions.



Le Retour de Croc-Blanc est donc fortement conseillé aux fans de Lucio Fulci, voire à ses détracteurs, puisqu'il constitue une nouvelle preuve de la cohérence de son oeuvre. En dehors de toutes ces considérations, nous avons affaire à une suite légèrement inférieure au premier volet, mais néanmoins tout à fait honorable, grâce entre autres aux prestations de Nero et Steiner, à quelques rebondissements bien amenés, à deux ou trois morceaux de bravoure filmiques (la course de traîneaux, les combats livrés par Croc-Blanc, contre un aigle notamment), et surtout à son orientation plus sombre.


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Disponible en DVD zone 2 français



02/01/2008
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