Retour de Ringo, Le
Le Retour de Ringo (Il ritorno di Ringo), Duccio Tessari (1965)

Produit dans la foulée du succès d'Un Pistolet pour Ringo, Le Retour de Ringo est pourtant à mille lieues de son prédecesseur. Si celui-ci jouait, avec succès, la carte de la décontraction et du divertissement, ce deuxième opus évolue dans d'autres sphères.

En effet, Le Retour de Ringo narre les affres de Ringo, donc, de retour (forcément) dans son pays natal, et qui va s'apercevoir que celui-ci est aux mains d'une bande de bandits mexicains, qui règnent par la terreur. De plus, fait non négligeable, l'un d'eux s'apprête à épouser sa femme, ou plutôt sa veuve, puisque Ringo est considéré comme mort pendant la guerre de Sécession. Ringo va se faire passer pour un étranger, et organiser sa vengeance et sa reconquête. Par les armes, bien sûr.

Avec ce récit aux consonances odysséennes, Tessari chamboule totalement ce qui avait fait le succès du premier Ringo. Plus d'humour bon enfant, plus de personnages sympathiques ; en fait, ce Ringo-là n'a rien d'une suite. Pourtant, on retrouve quasiment tout le casting d'Un Pistolet pour Ringo (Fernando Sancho, Lorella de Luca, George Martin, Nieves Navarro, Antonio Casas, et bien sûr Giuliano Gemma lui-même), mais incarnant (hormis Ringo / Gemma) des personnages différents... Troublant, d'autant plus que le vrai nom de Ringo est ici Montgomery Brown, soit, à peu de choses près, le pseudonyme utilisé par Gemma pour les deux films (Montgomery Wood)...

Le léger vertige que procure ces similitudes est accentué par le ton du film, forcément plus tragique, et émaillé de scènes assez poignantes (Ringo assistant à ses propres funérailles ; la reconnaissance de celui-ci par sa "veuve" - scène qui plus est magnifiquement éclairée et portée par la musique extraordinaire de Morricone).
Si les intentions sont louables, on peut néanmoins regretter que le scénario, concocté par Tessari et Fernando Di Leo, tombe vite à la simple vengeance, ni assez cruelle, ni assez originale pour soutenir véritablement l'attention. Peut-être aussi le schéma narratif, surexploité jusqu'à la moelle dans le western italien, rend rétrospectivement celui-ci trop stéréotypé. De plus, les références au retour d'Ulysse sont finalement assez peu exploitées... Sans être ennuyeux, le récit se suit donc parfois d'un oeil distrait.

Reste tout de même un film réussi, très différent à tous points de vue de son aîné, ponctué par certaines scènes directement tirées du cinéma d'horreur gothique (ce qui préfigure une tendance particulière du western italienne qui s'affirmera plus tard), et porté par un Gemma au visage parcouru de tics, et qui restera l'un des premiers héros mutilés du western italien (Ringo se fait casser le poignet au cours du film), héros qui, de Django à Silence, sera l'une des figures récurrentes du genre.
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disponible en DVD zone 2 FR

Produit dans la foulée du succès d'Un Pistolet pour Ringo, Le Retour de Ringo est pourtant à mille lieues de son prédecesseur. Si celui-ci jouait, avec succès, la carte de la décontraction et du divertissement, ce deuxième opus évolue dans d'autres sphères.

En effet, Le Retour de Ringo narre les affres de Ringo, donc, de retour (forcément) dans son pays natal, et qui va s'apercevoir que celui-ci est aux mains d'une bande de bandits mexicains, qui règnent par la terreur. De plus, fait non négligeable, l'un d'eux s'apprête à épouser sa femme, ou plutôt sa veuve, puisque Ringo est considéré comme mort pendant la guerre de Sécession. Ringo va se faire passer pour un étranger, et organiser sa vengeance et sa reconquête. Par les armes, bien sûr.

Avec ce récit aux consonances odysséennes, Tessari chamboule totalement ce qui avait fait le succès du premier Ringo. Plus d'humour bon enfant, plus de personnages sympathiques ; en fait, ce Ringo-là n'a rien d'une suite. Pourtant, on retrouve quasiment tout le casting d'Un Pistolet pour Ringo (Fernando Sancho, Lorella de Luca, George Martin, Nieves Navarro, Antonio Casas, et bien sûr Giuliano Gemma lui-même), mais incarnant (hormis Ringo / Gemma) des personnages différents... Troublant, d'autant plus que le vrai nom de Ringo est ici Montgomery Brown, soit, à peu de choses près, le pseudonyme utilisé par Gemma pour les deux films (Montgomery Wood)...

Le léger vertige que procure ces similitudes est accentué par le ton du film, forcément plus tragique, et émaillé de scènes assez poignantes (Ringo assistant à ses propres funérailles ; la reconnaissance de celui-ci par sa "veuve" - scène qui plus est magnifiquement éclairée et portée par la musique extraordinaire de Morricone).
Si les intentions sont louables, on peut néanmoins regretter que le scénario, concocté par Tessari et Fernando Di Leo, tombe vite à la simple vengeance, ni assez cruelle, ni assez originale pour soutenir véritablement l'attention. Peut-être aussi le schéma narratif, surexploité jusqu'à la moelle dans le western italien, rend rétrospectivement celui-ci trop stéréotypé. De plus, les références au retour d'Ulysse sont finalement assez peu exploitées... Sans être ennuyeux, le récit se suit donc parfois d'un oeil distrait.

Reste tout de même un film réussi, très différent à tous points de vue de son aîné, ponctué par certaines scènes directement tirées du cinéma d'horreur gothique (ce qui préfigure une tendance particulière du western italienne qui s'affirmera plus tard), et porté par un Gemma au visage parcouru de tics, et qui restera l'un des premiers héros mutilés du western italien (Ringo se fait casser le poignet au cours du film), héros qui, de Django à Silence, sera l'une des figures récurrentes du genre.
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disponible en DVD zone 2 FR