Romanzo Criminale

Romanzo Criminale, Michele Placido (2005)




Ce n'est pas souvent qu'un polar italien sort de nos jours sur les écrans français. Pour cette raison, nous étions en droit d'attendre un bon film, d'autant que le sujet était, sinon original, du moins alléchant : Romanzo Criminale narre en effet l'ascension dans le monde criminel romain d'une poignée d'amis en marge de la Mafia, mais qui au fur et à mesure des années vont devenir des grandes figures du crime organisé. Avant, bien sûr, de chuter et de se voir démantelés. On pense bien sûr aux grands classiques, aux films qui ont chacun à leur tour défini les codes du film de gangsters, en particulier à Scarface, pour l'aspect grandeur et décadence du malfrat, et à la saga du Parrain, pour la volonté de construire la fresque d'une ''famille'' étalée sur plusieurs années. Pourtant, s'il aurait été injuste d'attendre de Placido un chef d'oeuvre tel que les deux films sus-cités, force est de constater qu'il ne hisse jamais son métrage à la hauteur de ses ambitions.




En effet, Romanzo Criminale n'atteint à aucun moment la démesure grandiose du film de Brian De Palma, pas plus d'ailleurs que le lyrisme de ceux de Coppola. Pire encore, Romanzo Criminale, par la faute d'une trop grande ambition, passe totalement à côté de son sujet. Admettons que Placido veut montrer l'ascension d'un groupe de jeunes dans le monde criminel des années 70 : dans ce cas, l'entreprise échoue, par le manque d'ampleur accordé aux activités du groupe (impossible de cerner l'influence du groupe sans des dialogues du type : ''ils dirigent la ville''). Placido veut livrer une fresque historique de l'Italie des ''années de plomb'' ? Il se contente de balancer des images d'archives et des tubes de l'époque. Une histoire d'amitié entre un groupe d'amis ? Les dialogues indigents et la profusion de personnages pour la plupart mal caractérisées ou stéréotypés empêche toute empathie d'opérer avec les trois quarts des protagonistes.




Ne sachant visiblement sur quel pied danser, Placido décide donc d'orienter son film dans quantité de directions différentes et à aucun moment n'arrive à se fixer un objectif clair. La durée du film, 2h30, traduit parfaitement cette incapacité à choisir une orientation. L'ambition est bien sûr louable, mais lorsqu'elle résulte simplement d'un manque d'intentions clairement définies (un comble), il ne reste plus qu'à prier pour que le talent recolle les morceaux. Heureusement, Placido offre quelques jolies images et des scènes d'action plus qu'honorablement exécutées (les différents assassinats, notamment, valent le coup d'oeil). Malheureusement, le tout est noyé dans une narration à la fois simpliste et parfois totalement bordélique ; sans vouloir encore une fois comparer ce qu'il ne l'est pas – quoique, nous sommes encore très loin de la scène d'ouverture du Parrain, beaucoup plus ambitieuse narrativement, et pourtant beaucoup plus claire.




En somme, Placido et ses scénaristes auraient gagné à se concentrer sur un aspect précis de leur récit. Semi-échec, donc (même si le film se laisse tout de même agréablement suivre), d'autant plus dommage que la plupart des acteurs sont parfaits, que le sujet était enthousiasmant, et, surtout, que l'occasion est rarement donné au cinéma italien de sortir un film de genre (à fortiori à l'étranger). Reste à prier pour que Romanzo Criminale ait (ré-) ouvert une brèche salvatrice. En espérant toutefois que la prochaine occurrence relève moins de l'anecdotique...



02/01/2008
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