Titans, Les
Les Titans (Arrivano i titani), Duccio Tessari (1962)
Autant vous le dire tout de suite, ce film est un pur moment de bonheur (pardonnez l'expression béate, mais elle colle parfaitement au film). D'abord, voyons le point de départ de ce peplum très fantaisiste : le roi Cadmos, orgueilleux au point de se prendre pour un des dieux de l'Olympe se voit accablé par une prophétie annonçant que sa fille, Antiope, causera sa perte, et que s'il tente de la tuer, il mourra aussitôt. S'imprégnant de vapeurs sacrées, il devient invincible, et, pour encore plus de sécurité, il cloître sa fille et la destine à devenir prêtresse. Cependant, les dieux, outrés de l'impudence de Cadmos, libère un des Titans, le plus jeune et le plus débrouillard, Krios (le tout jeune Giuliano Gemma, futur interprète du très culte Ringo), afin de punir le roi...
Débute alors une aventure haute en couleurs, bourrée d'humour et servie par une réalisation virevoltante de Tessari (scénariste, entre autres, de Pour une poignée de dollars), qui place l'impertinent Krios dans des situations périlleuses desquelles il se sort toujours par sa ruse et son culot. Mince et blond, le verbe haut et le sourire accroché au visage, il est l'antithèse des gros musculeux chers au peplum ; sa gouaille n'a d'égale que sa bonne humeur et son espièglerie, et ses trouvailles variées (se frictionner d'huile pour se rendre insaisissable, voler la couronne d'invisibilité de Pluton puis s'amuser à effrayer tout le monde avec, etc...) le rendent tout à la fois sympathique et attachant. Les personnages secondaires sont tous mémorables, qu'il s'agisse de Achille, muet se faisant comprendre par les mimiques les plus improbables (difficile de faire plus drôle que la façon dont il fait deviner son nom à Krios), de la belle Antiope, faussement ingénue, ou de Rator, l'esclave noir et hautement balèze...

Ajoutons à cela une petite touche de satire sociale (difficile de ne pas voir chez Cadmos et la façon dont il opprime sourdement le peuple, qui ne sait même pas ce que le mot "liberté" signifie, le fascisme de Mussolini) et on obtient un film définitif, qui, tout en prenant du recul avec le genre auquel il appartient (ici plus qu'ailleurs, toutes les strates de la mythologie sont confondues), en délivre un spécimen beau, attrayant, inventif, et, surtout, offre un divertissement implacable, qui laisse le sourire aux lèvres bien après sa vision. A quand un DVD de ce chef d'oeuvre?