Zombi 3
Zombi 3, Lucio
Fulci (1987)
Autant
le préciser tout de suite, Zombi 3 est un sacré
nanar. Assez surprenant lorsque l'on se souvient de L'Enfer des Zombies, mais finalement assez
cohérent lorsque l'on connaît l'implication du célèbre
Bruno Mattei, roi parmi les rois du nanar italien.
Zombi 3
aurait pu être le film du renouveau, un sursaut dans la
carrière alors moribonde de Fulci, qui reste à cette
époque sur les fours artistiques inquiétants que sont
Aenigma ou encore Soupçons de mort. En effet, en
retrouvant le genre qui l'avait fait naître dans l'esprit du
"grand public", le Maestro aurait pu se réconcilier
avec les fans de zombies purulents et de gore crado, stoppant ainsi
l'hémorragie dont souffrait sa carrière, tournée
irrémédiablement vers la passé glorieux des Frayeurs,
L'au-delà... Un choix logique donc, et
somme toute assez excitant pour tout amateur de base.
Malheureusement,
Fulci est alors atteint d'une grave maladie qui le laisse peu enclin
à supporter un tournage dans la moiteur des Philippines. Qu'à
cela ne tienne, le scénariste Claudio Fragasso fait appel à
son complice, l'indéfendable Nono Mattei.
Il serait
injuste et primaire, bien que tentant, d'attribuer le ratage du film
au seul Mattei, et ce qui en constitue le bon (car il y en a) à
Fulci. Toutefois, force est de reconnaître que lorsque ce
dernier s'évertue à créer une ambiance à
grands coups d'éclairages verts et de brume venue de nulle
part, Mattei prend un féroce plaisir à faire basculer
le tout dans le plus parfait ridicule; qui pourrait en toute bonne
foi soupçonner Fulci de faire apparaître une tête
de zombie dans un frigo avant de la faire s'envoler vers la gorge de
sa proie? Si ce n'est pas là l'oeuvre démoniaque de
l'indécrottable Bruno, je veux bien me faire couper un bras.
Fulci
ou pas, l'orientation du film est bien celle de l'action. Les héros
sont toujours en mouvement et dégomment du macchabée à
tout-va, pendant que militaires et scientifiques se prennent le chou
dans un cabotinage général des plus délectables.
Les effets gore sont honnêtes, alternant le passable et le très
bon (mmm ces jolis bubons purulents...). Fulci fait donc ce qu'il
peut pour instaurer un climat proche de ses plus belles oeuvres (les
zombies apparaissent comme des fantômes, se tiennent immobiles
devant les phares des voitures...), mais le tout sent le réchauffé
malhabile (hormis la scène du pont, qui rappelle pour le coup
le maître que Fulci a été, sans pour autant
tourner à la redite). De plus, les ruptures de ton sont trop
marquées entre ces séquences et celles ou les zombies
se sont visiblement gavés d'amphets...
Des
zombies qui étendent leur gamme de mouvements de manière
débilement appréciable: ils courent, sautent, parlent,
se cachent sous des meules de foin ( ! ), manient la machette,
accouchent... Bref, c'est du grand n'importe quoi qui rend Zombi 3
immanquablement très fun, d'autant que le métrage est
correctement rythmé.
Fun, c'est donc le mot qui
convient le mieux à Zombi 3, ce qui indique à
quel point ce film ne peut raisonnablement revendiquer la paternité
exclusive de Fulci (qui le renia d'ailleurs). Ajoutez à cela
des acteurs qui vont de la prestation oubliable au cabotinage
grandiose (le chef des scientifiques est géant), pas aidés
par une VF de folie, des idées matteisques en diable, des
cartons de zombies à ne plus savoir qu'en faire, et un message
écologico-anti-militariste simpliste au possible, et vous
obtenez cette bonne tranche de rigolade qu'est Zombi 3, fils
illégitime d'un pape essoufflé et d'un cancre survolté.
L'acné et ses petits tracas...
Une
certaine idée de la classe.
ROUND
1: cabotinez!
-
Disponible en DVD français
grâce à Mad Movies qui l'a sorti avec son numéro
184 ; le film est donc agrémenté de séquences
jusqu'alors absentes des versions sorties par chez nous ; il s'agit
d'une introduction zombiesque sympathique et de quelques scènes
purement narratives et pas spécialement
indispensables.
Capture
extraite des scènes inédites du DVD Mad Movies...